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Si le jardin planétaire est l’autre nom du monde que nous habitons, n’en sommes-nous pas toutes et tous les jardinier·e·s. Telle est du moins la proposition que nous fait Gilles Clément, nous invitant ainsi inlassablement à un changement de regard : comment cette perspective engage-t-elle de nouvelles manières de faire jardin et d’habiter tout autant que de cohabiter ? Comment nous invite-t-elle à penser autrement les relations des humains et de ce que – faute de mieux – on nomme nature ?

C’est à cette reconfiguration dans le sens de la douceur et du laisser-faire, de la modestie et du mouvement, que travaille sans relâche Gilles Clément depuis une cinquantaine d’années. Cette nouvelle philosophie d’une collaboration avec les vivants, il la déploie dans ses jardins, dans ses écrits, comme dans ses dessins, arpenteur infatigable de la fragilité, témoin ému et inquiet des destructions tous azimuts à l’œuvre autour de nous. C’est à la rencontre de cette vaste pensée et de ses métamorphoses que sera consacrée cette cinquième tribune.

Jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain, Gilles Clément enseigne à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles, en parallèle de son activité de concepteur. Installé dans la Creuse depuis 1977 où il développe sa philosophie d’un jardin en mouvement, il est connu tant pour ses écrits que pour ses réalisations paysagères (le jardin André-Citroën, le domaine du Rayol, les jardins de Valloires) ou le commissariat de l’exposition à La Villette « Le jardin planétaire ».

Il est notamment l’auteur de Thomas et le voyageur : esquisse du jardin planétaire (Albin Michel, 1997), Les Libres Jardins (Le Chêne, 1997), Le Jardin planétaire (Albin Michel, 1999), Le Jardin en mouvement : de la vallée au jardin planétaire (Sens & Tonka, 2001), Jardins, paysage et génie naturel (Fayard, 2012), Le Salon des berces (NiL, 2009), Éloge des vagabondes (Nil Édition, mai 2002), Manifeste du Tiers-paysage, (Sujet Objet, 2004) ou plus récemment de Notre-Dame-des-Plantes (Bayard, 2021)