Débat sur la gestion des forêts (film “Les Bois Noirs”)

Voici la transcription d'un débat qui a eu lieu suite à la projection du film "Les Bois Noirs" dans le cadre du Festival "Changer la fin" organisé à Tulle les 18-19 et 20 octobre 2024

Le débat, en audio (ci-dessous)

Animateur :
Nous avons décidé de diffuser Bois Noirs car il est moins connu que Le Temps des Forêts et nous l’avons trouvé plus brut et plus ancré sur le territoire, ce qui faisait sens de le montrer ici.

Qui souhaite réagir sur ce qu’on vient de voir dans Bois Noirs ?


Intervention d’Étienne Roger

Étienne Roger :
Bonjour, moi c’est Étienne Roger, je suis expert forestier. Je fais partie de cette fameuse filière forêt-bois, souvent critiquée. J’aimerais faire une remarque sur les deux films que nous avons vus, Bois Noirs et celui avec Jacqueline.

Je suis la quatrième génération d’une famille dans les Monédières. Mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon père et moi-même avons tous planté des Douglas, et j’en suis fier. Après-guerre, sur le plateau de Millevaches, il n’y avait que 3 % de boisements. Pendant 50 ans, on nous a reproché d’avoir créé cette forêt, et maintenant, on nous reproche de la couper ! Il y a parfois de quoi être un peu perdu.

Ensuite, dans le film Bois Noirs, un intervenant disait qu’on coupe les Douglas à 50 ans. Or, à cet âge, un Douglas n’est même pas encore mature. Dans son habitat naturel, le nord-ouest de l’Amérique, il peut vivre jusqu’à 300 ou 400 ans. Ici, il ne vivra peut-être pas aussi longtemps, mais on pourrait tout de même essayer de le faire vieillir davantage. Cela permettrait de se rapprocher d’un écosystème plus naturel.

Si on veut conserver nos forêts, il faut valoriser les gros bois, plutôt que de les broyer prématurément. J’ai déjà dit à Philippe, il y a deux ans, qu’une solution pour pérenniser les forêts limousines serait d’étager la forêt : avoir des arbres jeunes, d’âge moyen, vieux et très vieux. Cela créerait une forêt continue, et permettrait d’éviter les fameuses coupes rases.

Enfin, il y a peu, j’étais à une réunion des Assises Départementales de l’Eau. Le document préparé par le Conseil Départemental prônait la limitation des coupes rases et la promotion de la sylviculture à couvert continu. En un an, le discours a beaucoup évolué. C’est encourageant, et nous devons continuer dans ce sens.


Réponse de l’animatrice

Je ne sais pas si ça appelle une réponse directe, Étienne, mais en fait, ce que vous dites résonne beaucoup avec notre travail à Faite et Racines. Pour ceux qui ne connaissent pas, nous sommes une association qui existe depuis 5 ans. Nous nous sommes organisés autour de l’idée d’acheter des parcelles pour les préserver d’une gestion industrielle.


Intervention de Marion (Association Faite et Racines)

Marion :
Ce que dit Étienne me semble très juste. À Faite et Racines, nous avons rapidement compris qu’on ne pouvait pas être efficaces sans proposer des solutions aux propriétaires forestiers. C’est pourquoi nous avons mis en place un système de scierie mobile pour valoriser les bois directement sur place. Cela évite de passer par la filière industrielle et permet aux propriétaires de tirer un meilleur revenu de leur forêt.

Par ce positionnement, nous nous sommes naturellement impliqués dans la lutte contre l’industrialisation de la forêt. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui avec Élodie et Marion, pour échanger avec vous.


Intervention de Guillaume, agriculteur dans les Monédières

Guillaume :
Je suis Guillaume, agriculteur dans les Monédières. Je voulais réagir à ce qu’a dit Étienne. Il parlait d’un choix technique avec l’utilisation de machines scandinaves pour exploiter les forêts. Là-bas, ces machines sont adaptées aux forêts denses, mais ici, ça fait des dégâts.

Je profite d’avoir le micro pour dire aussi que ce qui m’a frappé dans le premier film, Bois Noirs, c’est qu’on s’est habitué à ces coupes, à ces machines, à ces camions. Mais en réalité, ces pratiques fragmentent les paysages et l’écosystème. Cela me rappelle ce qui s’est passé en agriculture avec la transition vers l’agriculture biologique. On pourrait imaginer une transition similaire pour la forêt.


Intervention du public (réflexion sur les petits propriétaires forestiers)

Public :
Moi, j’ai une question sur les petits propriétaires forestiers. Je connais un peu la forêt limousine grâce à Pierre et Élodie, et il est souvent question de se réapproprier la gestion forestière. Mais quels sont les freins pour sensibiliser davantage les petits propriétaires ? Quels sont les obstacles ?

Marion (Association Faite et Racines) :
C’est une très bonne question. Ici, en Corrèze, il y a beaucoup de petites propriétés forestières, souvent héritées. Beaucoup de propriétaires ne vivent plus sur place, donc leurs parcelles sont souvent abandonnées ou ignorées. En fait, il y a très peu de propriétaires qui passent du temps dans leurs forêts, même si on a l’impression du contraire en fréquentant ceux qui s’impliquent.

Le manque de moyens financiers est aussi un frein important. Travailler sa forêt nécessite un certain capital de départ, et la Corrèze n’est pas un département particulièrement riche.

Nous avons donc essayé de mettre en place des solutions pour aider les propriétaires. Par exemple, nous organisons des journées de formation pour apprendre à marquer les arbres, comprendre ce qu’on peut couper ou non, et même utiliser les outils forestiers.


Intervention d’une autre personne de Faite et Racines

Je voulais réagir à ce qu’a dit Marion. J’ai l’impression qu’on voit émerger une forêt à deux vitesses : d’un côté, les petits propriétaires qui sont loin du foncier et de la filière bois, souvent avec des parcelles laissées en friche, et de l’autre côté, des forêts gérées de manière industrielle, souvent concentrées entre les mains de grands groupes financiers. Ces deux systèmes cohabitent, mais ils ont des objectifs et des méthodes très différentes.

Ce qui nous fait réagir, c’est quand des politiques publiques cherchent à faire basculer des forêts feuillues, souvent abandonnées, vers des forêts calibrées pour l’industrie, sans que les petits propriétaires aient les informations ou les moyens d’agir différemment. Cela mène souvent à des choix mal informés et à la perte de biodiversité.


Intervention d’un autre participant (sur les pratiques industrielles)

Je ne suis pas très connecté au monde de la forêt, mais j’ai participé à une marche pour la forêt à Perlevade, en Corrèze. Là-bas, on m’a présenté une application qui permet de signaler les coupes rases. Il y a donc des moyens pour contribuer, même à petite échelle, à une gestion plus responsable des forêts.

Ce que je trouve intéressant dans le film Bois Noirs, c’est qu’il y a un dialogue entre des personnes avec des points de vue différents. Par exemple, j’ai discuté avec un cadre de l’industrie du bois qui disait que les industriels ne font pas systématiquement n’importe quoi et qu’il faut arrêter de les diaboliser. C’est important de maintenir ce dialogue pour faire évoluer les choses.


Intervention d’un autre participant (réflexion sur le capitalisme et la forêt)

Je trouve que ce type de développement industriel, tel que montré dans le film, relève de ce que Naomi Klein appelle le capitalisme du désastre. Ce modèle de gestion forestière cause plus de dégâts à l’environnement qu’il n’apporte de bénéfices. Les engins utilisés pour les coupes rases détruisent tout sur leur passage, et ce n’est possible que grâce à de grandes entreprises comme John Deere, qui développent ces machines coûteuses.

Je suis un peu sceptique sur l’idée que les pouvoirs publics aient réellement changé de discours. Je pense que cela tient davantage à l’engagement citoyen et à la prise de conscience que nous sommes face à une catastrophe écologique.


Intervention d’un autre participant (sur l’agriculture biologique)

Je crois qu’on peut faire un parallèle avec l’agriculture biologique. Cela fait 50 ans qu’on sait que la bio est meilleure pour la santé et pour les sols. Mais voyez-vous 100 % des agriculteurs en bio aujourd’hui ? Non. Les gouvernements successifs n’ont pas vraiment favorisé cette transition. Ils incitent vaguement, mais quand il s’agit de distribuer des subventions, c’est toujours aux gros industriels qu’ils vont.

Je crois que c’est pareil pour la forêt. Tant qu’on nous dit que l’arbre est mûr à 50 ans et qu’il faut le couper pour que ce soit rentable, rien ne changera. Il faut un vrai bilan des politiques forestières sur les 20 dernières années.


Intervention de l’animateur

Je crois que vous soulevez là un point important. En fait, on est face à deux visions du monde : d’un côté, ceux qui pensent que le capitalisme peut être réformé pour devenir plus vertueux, et de l’autre, ceux qui pensent que la société industrielle, en elle-même, est responsable de la catastrophe écologique.


Intervention d’un autre participant (sur l’accès à la propriété forestière)

Je voulais revenir sur un autre sujet. Avec ma compagne, on essaye d’acheter une parcelle de forêt pour agir à notre échelle, mais c’est presque impossible. On apprend qu’un bois est en vente trop tard, et quand on s’informe, tout est déjà vendu. Comment faites-vous, au sein de l’association, pour acheter des parcelles ?

Marion (Association Faite et Racines) :
C’est une vraie difficulté. Acheter les premières forêts pour Faite et Racines a été très compliqué. Nous avons eu la chance de travailler avec une notaire à Argentat qui nous a soutenus, mais il a même fallu acheter certaines forêts "à visage couvert" pour ne pas effrayer les vendeurs.

Nous avons également mis en place un système de bail emphytéotique : certains adhérents achètent des parcelles et nous les confient sur un bail à très long terme, ce qui nous permet de gérer ces forêts. Mais c’est un processus long et complexe.


Intervention d’Étienne Roger (sur le plan France Relance)

Pour répondre à la question du Plan France Relance, qui s’appelle maintenant Plan France 2030, il faut savoir que les budgets consacrés à la forêt ont été divisés par deux dans le nouveau projet de budget gouvernemental. Et la moitié de ce budget va être allouée à la ligne Plan France 2030, donc vous voyez bien la tendance.

Mardi prochain, je serai à l’Assemblée nationale pour une conférence de presse organisée par l’association Canopée. Nous allons proposer une alternative : à budget constant, il serait possible de réorienter les financements vers le développement de la gestion continue et l’enrichissement des forêts existantes, plutôt que de tout raser. Cela permettrait de traiter plus de surfaces et d’avoir un impact positif plus large.

Participant 1 :
Oui, ben, euh, moi ce que je trouve, c'est que ces projections-débats sont très riches et nécessaires. Il y avait quelque chose qui m'avait frappé dans le film Le Temps des Forêts, c'était que, nous, ici en Corrèze, on a des forêts qui sont jeunes, elles ont peut-être 120 ans. On n'a pas d'arbres qui ont des centaines et des centaines d'années, et on n'a pas encore une culture mature. En fait, c'est comme si on se comportait comme des ados face à la nature, et du coup, on ne sait pas comment faire. Il y a des voyous qui font n'importe quoi, il y a des gens pleins de bonne volonté qui font du mieux qu'ils peuvent, mais il n'y a pas suffisamment de gens et d'organisation sociale pour avoir le bon sens de ce qu'il faut faire ou ne pas faire, et pour avoir une stratégie à long terme. Ou en tout cas, il manque une culture qui dirait : "C'est comme ça qu'il faut faire, parce que c'est comme ça que ça marche bien depuis des centaines d'années."

Et là, on est confrontés à la montée du capitalisme, qui nous prend de court sur la maturation à long terme, sur comment s'organiser pour gérer une forêt sur un territoire. Mais je trouve qu'en même temps, ces projections-débats sont riches, parce qu'à chaque fois, les discussions sont de plus en plus mûres. Il y a de plus en plus de gens qui sont organisés pour aller dans le bon sens, et c'est réjouissant de voir cela. À chaque projection-débat sur la gestion de la forêt, à travers les différents films, on voit des Corréziens intervenir, et ça donne de l'espoir, parce que plus il y a de gens impliqués, plus il y a de solutions, et plus il y a de chances de s'en sortir par le haut.

Voilà ce que j'aurais envie de dire.

Participant 2 :
Oui, excellent, excellent, excellent. C'est ce que dit effectivement l'Allemand dans le film. En fait, il faudrait se poser la question : comment cela se fait-il que nous ayons autant de forêt que l'Allemagne ? Politiquement et historiquement, quelles décisions ont été prises en Allemagne pour conserver ce savoir-faire, et qu'est-ce qui s'est passé en France pour que le savoir-faire et la gestion de la forêt disparaissent ?

Sur le plateau Limousin, il n'y avait pas de forêt, il y a 120 ans il n'y avait que 3 % de forêt, il y avait principalement des brebis. Puis, quelqu'un a décidé d'importer des Douglas des États-Unis parce que c'était compatible avec le sol. On est resté sur cette logique-là. Une fois que les Douglas sont devenus adolescents, vers 60 ans, on a commencé à les couper. Mais au Canada, les Douglas vivent jusqu'à 400 ans. Quand ils atteignent cet âge-là, ils meurent, et des insectes se développent dans les bois pourris, protégeant ainsi les jeunes arbres. Ici, nous n'avons pas cette durée longue pour permettre à la forêt de s'autoréguler.

Du coup, il y a des maladies qui apparaissent, et la solution, comme on le voit dans le film, est la coupe rase, mais cela doit être une exception, une solution temporaire pour soigner quelque chose.

Participant 3 :
Exactement, il faut préserver les forêts, car elles sont des corps vivants. En fait, on ne coupe que lorsqu'il n'y a pas d'autre choix. Le reste du temps, il faut en prendre soin, comme on prendrait soin de son corps. Prendre soin d'une forêt, c'est en avoir une vision à long terme, une forêt diversifiée, structurée, où l'on imagine le futur sur plusieurs siècles, et non pas en cherchant un remède rapide pour aujourd'hui.

Je pense qu'il est important de faire le lien entre les humains, la forêt, la biodiversité. Cela nous permet d'avoir une vision plus élargie et plus holistique. C'est une solution pour s'opposer aux effets destructeurs du capitalisme. Par exemple, il faut soutenir les petites scieries et créer des outils qui permettent de valoriser même les gros bois, ceux de plus d'un mètre de diamètre. Cela permettrait de laisser les forêts vieillir et de gérer les forêts de manière plus diversifiée.

Que les nouveaux propriétaires ou ceux qui ne connaissent pas bien la gestion forestière puissent céder la gestion à ceux qui savent faire, de manière durable. La forêt est une école de la vie, un miroir de la société. Cela nous montre comment gérer notre société de façon plus durable. C'est un point de départ éducatif qui nous réapprend à vivre en harmonie avec la nature.

Participant 4 :
Oui, je pense que la forêt parle à tout le monde. Il suffit de se promener 5 minutes dans une forêt pour que cela parle à chacun. Certains voient l'arbre qui servira à faire un meuble, d'autres voient l'arbre qui rapporte de l'argent, d'autres encore voient l'arbre qui abrite les animaux. On peut aussi admirer sa beauté ou se concentrer sur son rôle dans le cycle de l'eau. Mais quoi qu'il en soit, chacun établit une relation sensible à la forêt.

C'est vraiment un miroir de notre société. Cela permet de recentrer, de recadrer, et de se réancrer dans les problématiques essentielles. Quand on commence à agir pour la forêt, peu importe l'échelle, on retrouve une capacité d'agir sur notre société. On comprend mieux les enjeux, on devient force de proposition, on rencontre des gens, on fait ensemble, on s'enrichit des points de vue différents et on crée quelque chose de plus intéressant et durable.

Participant 5 :
Oui, je suis d'accord. Par exemple, à Brive, un maire avait replanté une forêt dans un parc public, mais son successeur l'a rasée par la suite. C'est dommage.

Participant 6 :
En fait, ce qui manque, c'est un modèle humain dans notre société. Nous ne sommes plus une société paysanne, mais une société industrielle. La production et la consommation sont délocalisées, tout comme la gestion des déchets. Les gens ne sont plus connectés à leur environnement. Les métiers que nous proposons à la jeunesse sont ceux qui gèrent la mondialisation par des algorithmes, des outils numériques. Personne ne veut plus s'occuper du secteur primaire, de la production liée à l'énergie solaire.

C'est pour cela qu'il est difficile de convaincre quelqu'un de s'installer en artisanat ou en agriculture. Ces métiers sont perçus comme durs, salissants, et peu valorisés. C'est un blocage culturel, mais cela fait aussi écho à l'industrialisation de la forêt, qui ne vise qu'à produire des palettes.

Participant 7 :
Oui, je pense que la Corrèze a besoin d'une culture de la forêt plus largement partagée, où chacun crée des outils pour cela. Nous n'avons pas l'expérience des Allemands, qui gèrent leurs forêts depuis 500 ans au même endroit. Il faut créer cela, et cela commence à se faire ici, petit à petit. Il faut combattre les voyous qui exploitent les forêts de manière destructrice.

Quand quelqu'un abat un bois parce qu'il avait 2 heures à tuer avant de rentrer chez lui, c'est un problème. Il faut que tout le monde puisse identifier ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Cela passe par l'éducation et la diffusion des connaissances. Cela doit être accessible à tous, et ce n'est pas réservé à une élite.

Participant 8 :
Oui, tu parles de rêve. Vous travaillez sur cela, avec des expositions, des livres. Mais il manque peut-être des cinéastes qui vous suivent vraiment, pour multiplier ces initiatives.

Participant 9 :
Oui, il faut montrer ce qui est souhaitable et rendre cela accessible. Il faut former les gens, leur donner les outils pour se former eux-mêmes. Il faut aussi surmonter les obstacles réels, comme les difficultés d'investissement, mutualiser le matériel et chercher des complémentarités. On ne peut pas être une filière à soi tout seul.

Les gains de productivité de l'industrie sont énormes, mais les métiers y ont perdu leur sens. Il est donc nécessaire de réinventer un modèle économique qui soit viable pour les petits acteurs.

Participant 10 :
Oui, je pense aussi qu'il y a des blocages psychologiques. On imagine que certaines choses sont impossibles, alors on n'essaie même plus.

Participant 11 :
C'est vrai. On est dans une société de contrôle. On nous demande de nous comporter comme si nous croyions à certaines choses, même si nous n'y croyons pas réellement. C'est ce qu'on voit dans les prisons, les écoles, les hôpitaux. Ces lieux sont en pleine transformation. On se pose des questions : est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux soigner à domicile, externaliser certaines choses ? Mais cela ne résout pas le problème à long terme.

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