Des informaticiens en stage forêt avec les Enforestés de Tulle

Durant trois jours, les Enforestés de Tulle ont accueilli 8 stagiaires d'une grande société informatique, venus participer à une formation de découverte des forêts anciennes.

Un programme varié, présentant de nombreux aspects de la vie de la forêt leur a été proposé : approche sensorielle, importance des sols vivants, repérage d’essences forestières, fonctionnement et importance de la libre évolution, découverte de la futaie à couvert continu, la forêt naturelle réservoir de vies, le principe de l’indice de biodiversité…

Ce stage a été précédé de quelques travaux d’aménagement et de mise en accessibilité de plusieurs de nos parcelles, choisies soigneusement pour illustrer le propos des 7 intervenants ; dans l’ordre d’apparition : Aurore, Christophe, Ludovic, Bernard, Sylvain, Vincent, Julien.

Et c’est parti pour l’entrée en forêt dans le chemin qui mène à Nouillane !

Gérer sa forêt sans coupe rase

Mercredi 29 mai Vincent Fidon technicien au Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) est venu expliquer les bases de la gestion des forêts à couvert continu aux stagiaires de la formation organisée par l'association Les Enforestés, en collaboration avec le CFPPA de Meymac.

Comme indiqué sur le site du CNPF : "l’objectif de la sylviculture à couvert continu est de produire du bois d’œuvre de bonne qualité, avec des arbres de bonne vitalité sans faire de coupe rase.

Au fil du temps, après plusieurs coupes jardinatoires, le peuplement évoluera vers une structure plus ou moins irrégulière par la présence d’arbres de différents diamètres, hauteurs et essences ce qui permettra d’assurer un renouvellement aussi continu que possible de la forêt.

C'est une gestion aux multiples atouts pour une production de qualité : amélioration d’un potentiel existant, investissement limité, étalement des revenus : coupes légères et fréquentes, risques limités, préservation du capital

«sol», amélioration de la diversité de peuplements fermés, fixation du carbone, stabilité du paysage forestier".

La visite s'est déroulée dans le site classé de l'étang de Ruffaud dans un propriété constituée d'une zone éclaircie il y a une dizaine d'années, et d'une zone qui a été marquée il y a quelques mois, en attente d'exploitation forestière, ainsi que d'un versant en pente forte qui donne sur la Montane, inexploitable d'un point de vue sylvicole.

L'exposé a apporté des connaissances très variées dans le domaine de la sylviculture pour la description et le marquage des bois d'avenir à favoriser et de ceux que l'on choisit d'enlever pour favoriser la croissance des arbres conservés.

La description et l'analyse des peuplements, ainsi que les coûts et techniques de récolte des bois ont pu être précisés en réponse aux nombreuses questions posées par les participants.

Bernard

Dans la clairière… avec un rayon de soleil.

Inventaires naturalistes et Indice de Biodiversité Potentielle

Jeudi 30 mai c'était au tour de Julien Barataud naturaliste, paysan herboriste de Mélilotus à Chanteix, d'encadrer la formation sur le thème de la biodiversité en forêt.

La forêt de Nouillane acquise par l'association Les Enforestés en début d'année a servi de Forêt-École pour cette visite.

Quoi de plus parlant que de rendre visite aux habitants de la forêt : écouter les chants d'oiseaux et les identifier, parler des chauves-souris qui les remplacent à la tombée de la nuit, de leurs exigences et de la performance de leur sonar pour chasser de multiples insectes. Illustrer la variété des centaines d'espèces de papillons, découvrir les larves en soulevant de vielles écorces, suivre les limaces noires et guetter la grenouille rousse dans les nombreux petits ruisseaux qui recoupent les sols moussus.

La vie du haut...

Pour les professionnels moins spécialisés l'Indice de Biodiversité Potentielle (IBP) est un diagnostic basé sur l’évaluation rapide de 10 caractéristiques (ou facteurs clés) influençant la capacité des peuplements forestiers à accueillir des espèces (animales, végétales et fongiques).

en bas !

D'abord, 7 facteurs dépendants des modalités de gestion mises en œuvre :

  • Le nombre d’essences autochtones ;
  • La structure verticale (stratification) de la végétation ;
  • Les gros bois morts sur pied et au sol (D > 37,5cm) ;
  • Les très gros bois vivant (D > 67,5 cm) ;
  • Les arbres porteurs de dendromicrohabitats (1) ;
  • Les milieux ouverts.

Mais également, 3 facteurs de contexte :

  • L’ancienneté de l’état boisé ;
  • Les milieux aquatiques ;
  • Les milieux rocheux.

Après une présentation rapide de la méthode par Bernard Jenny, forestier, chacun des huit participants a choisi l'un des facteurs à déterminer en parcourant le peuplement. Ces observations permettent, grâce à une fiche de relevé et des seuils prédéfinis, d’attribuer un score de 0, 1, 2 ou 5 pour chaque facteur . L’addition de ces scores donne l’IBP et permet de situer le peuplement dans un gradient de faible à forte capacité d’accueil.

L'IBP de la forêt de Nouillane a été estimé entre 32 et 36, ce qui justifie le choix de la conserver en évolution naturelle pour optimiser sa biodiversité.

Bernard

un arbre mort remarquable et plein de vie

parfois, on se sent petit devant une telle grandeur...

Le stage a été bien apprécié dans l’ensemble… et voici ce que nous écrit Denis, stagiaire et nouvel adhérent :

« Je tenais une fois de plus à vous remercier ainsi que tous les membres de l'association pour la formation "Découverte des forêts anciennes en Corrèze".

Je savais déjà bien sûr que nous devions au maximum préserver nos forêts mais vous nous avez fait prendre conscience de manière bien plus tangible des enjeux liés à la préservation des forêts anciennes.

Dans le train à l'aller, je lisais mon journal et mon livre. Au retour, je n'ai fait que regarder l'extérieur, les forêts, les prés, le paysage.

Le train circule un peu trop vite pour que j'ai le temps de calculer l'indice de biodiversité potentielle de chaque parcelle, mais la formation donne beaucoup à réfléchir et je n'aurais pas pu me concentrer sur mon livre.

Nul doute que tous les participants vont devenir des ambassadeurs des messages que vous nous avez fait passer dans le cadre de ce stage.

J'ai déjà commencé ce matin à jouer mon petit rôle en répondant à des commentaires sur Instagram sur une vidéo à propos d'IKEA diffusée sur Arte je crois.

Nous mesurons désormais beaucoup mieux les tenants et aboutissants de l'importance de la sylviculture continue pour réduire les effets du réchauffement climatique, pour la préservation de la biodiversité, pour la conservation d'un sol de qualité, etc.

Je suis sûr aussi que chacun des participants va continuer à s'informer sur les sujets pour enrichir ses connaissances et pouvoir mieux communiquer avec les autres sur l'importance de la sauvegarde des forêts anciennes.

Remerciez bien tous les membres de l'association qui ont participé de près ou de loin à la réussite de ce stage. »

Association les Enforestés de Tulle

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