Approches sensorielles de la forêt

Peu importent les jeux, les activités employées, il y en a des centaines, et des variantes… l’important étant de ressentir, avec son corps attentif, les liens que nous entretenons avec le vivant (inclus l’air, l’eau, la lumière…).

Et c’est en forêt, que le vivant est le plus vaste, riche, multiformes, épais, foisonnant, assourdissant, coloré, inquiétant, moite, remuant, criard, exubérant, magnifique, cruel, dangereux, impudique, accueillant, insolite, mourant, sale, beau, exubérant, moche, écœurant, explosif, puant, design, étrange et étranger pour celui ou celle qui veut bien s’en rendre compte.

Le promeneur, la cueilleuse de champignons, le chasseur, la ramasseuse de bois mort, le randonneur, la naturaliste, le VTTiste, la bûcheronne : tous ceux et celles qui traversent la forêt savent qu’à un certain moment, « des choses » les traversent en retour. Les touchent. Les dérangent et les freinent dans leur activité.

À un moment donné, y’a un truc qui. Semble les inviter à… Mais à quoi, en fait ?

Et bien, je vais l’expliquer à ma manière, en fait, ça remonte à quelques millions d’années. C’est dans nos cellules, c’est planqué dans nos gènes et transmis de génération en génération. On va résumer le message transmis par la forêt ainsi :

[voie forte criarde style enfant de cinq ans insupportable qui agite les bras et saute sur place] « Coucou bienvenue, nous on est là !!! Et toi, qui es-tu ? »

Et cela provient de milliards d’êtres, là, autour, à 10 mètres à 50 m à la ronde, des millions de bactéries et de bestioles invisibles qui sont partout, des arbres centenaires jusqu’aux moindres brindilles, de sur et sous les feuilles et par terre et dans le sol, à 5 cm à 15 cm à 1 m dans la terre, des lichens et des mousses, de sous les écorces, des champignons et des milliers d’insectes bruyants et des oiseaux des reptiles des mollusques des batraciens des petits et gros mammifères qui se cachent, et le message est diffusé par tout ce qui grouille, mange, broute et se fait manger avant d’avoir fini la phrase de bienvenue.

Et c’est notre corps, notre peau, et nos sens qui hurlent en chœur, jusqu’au plus profond de notre cœur : « On est là, nous aussi ».

Chacun chacune le conscientise ou non, à des degrés variés.

Ps

Le message, de part et d’autre, peut être précisé.

La forêt et ses habitants : « Vous revenez quand vous voulez, éventuellement on vous accueille sans panier, sans arme, sans vélo, sans appareil photo, sans tronçonneuse, vous pouvez même mourir ici, on s’occupera bien de vous, vous verrez sur la mousse, vous serez aux petits oignons. »

Les millions de cellules du promeneur (entre nous soit dit, des cousines éloignées de celles des arbres – quelques millions de générations) : «Nous on voudrait bien faire une halte mais l’autre cerveau, là-haut, le couillon, y veut pas freiner ! »

Christophe Rastoll, 4 juin 24

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