Réponse à Florent Moussour et Marceau Bourdarias sur CitoyLiens
Il y a des constats…
La réalité, ce n’est pas les méchants résineux contre les bons feuillus.
Un taillis de châtaignier, une futaie de hêtre, acidifient bien plus qu’une futaie de douglas.
L’affiche apporte des faits : lesquels sont faux ? Il faut être précis. Même avec mon esprit critique surdéveloppé, je n’y ai pas relevé d’inexactitudes.
Même en Corrèze la proportion résineux / feuillus est de 1/3-2/3 en faveur de ces derniers.
Dans les gorges de la Dordogne je n’ai pas vu beaucoup de taillis exploités en coupe à blanc tous les 30 ans !
S’il est exact que la coupe rase érode le sol (surtout en situation de pente), il est injuste d’en dire autant de la mécanisation : si elle est mal maîtrisée, cas hélas trop fréquent, d’accord.
Mais il existe aussi de très bons chauffeurs, même avec du matériel assez lourd, qui font du très bon travail… si on en paie le juste prix. La vraie question est donc : est-on prêt à payer le juste prix pour un travail de qualité ?
Et il y a des solutions :
Le passé et le présent sont ce qu’ils sont. L’avenir est ce que nous en ferons. Même si on déplore l’enrésinement, la seule question intéressante est : qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
On rase tout et on recommence ? C’est complètement nul, on est d’accord.
On tient compte de l’existant et on le fait évoluer progressivement vers une forêt mélangée, étagée, ouverte, accueillante à la biodiversité et à l’être humain ? Oui, c’est possible. Et en plus, on produit du bois de qualité, feuillu et résineux !
Ce sont les perspectives très encourageantes de la sylviculture à couvert continu (ou sylviculture irrégulière) promue par l’association ProSilva France (https://prosilva.fr)
E t nous sommes quelques gestionnaires forestiers professionnels en Corrèze (une minorité c’est vrai) à nous être formés et à mettre en œuvre cette gestion sur le terrain depuis plusieurs années. Une gestion qui fait appel à l’intelligence, à l’observation, qui nécessite patience et humilité, mais qui donne des vrais résultats que nous pouvons montrer.
Conclusion : les solutions existent, il suffit d’associer la volonté (des propriétaires) et la capacité (des gestionnaires) de les mettre en œuvre. Arrêtons de nous lamenter et de critiquer, agissons ensemble !
Etienne ROGER
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