Suspension des hébergements d’urgence pour 40 exilés en Corrèze ?

Un groupe citoyen, baptisé Corrèze Solidarité, s'est formé à Tulle pour contester la décision de la préfecture de Corrèze de ne pas prolonger les hébergements d’urgence de près de quarante personnes exilées.

Ce collectif, composé de citoyens, d’associations caritatives et culturelles, ainsi que de militants syndicaux et politiques, s’oppose à la décision de mettre fin, le 25 octobre, à l’hébergement d’exilés soumis à une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), actuellement pris en charge par l'association Le Roc. Parmi ces personnes, on compte des familles, des enfants et des femmes enceintes, qui se retrouveront sans abri juste avant le début de la trêve hivernale.

Dominique Grador, membre du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF), dénonce cette décision et rappelle que la situation administrative des concernés ne devrait pas empêcher leur hébergement d’urgence.

Une décision contraire aux lois

Le collectif condamne cette décision, jugée contraire à la loi qui protège les personnes en situation de vulnérabilité sociale et médicale. RESF souligne que les exilés concernés ont le droit de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour contester leur expulsion.

Corrèze Solidarité prévoit de faire pression pour que cette décision soit annulée et pour que les personnes, pouvant justifier d’une formation ou d’un emploi, soient rapidement régularisées. Des démarches ont déjà été entamées auprès du préfet et des élus locaux.

Le président de l’association Le Roc a rencontré le représentant de l’État ainsi que le député François Hollande, et le préfêt a accepté une rencontre le lundi 28 avec le collectif.

Compte rendu du RV avec Mr le Préfet de Corrèze

Expulsion et accueil des migrants à Tulle : une politique incompréhensible et inefficace selon les associations

À la sortie d'une réunion entre le préfet de Tulle et les représentants du collectif d'accueil des migrants, l'atmosphère était tendue. Le sujet brûlant des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) à l'approche de la trêve hivernale inquiète fortement les associations locales, qui dénoncent une politique répressive et inhumaine.

Le collectif d'accueil des migrants a exprimé ses inquiétudes face à l'augmentation des expulsions imminentes, particulièrement avant la trêve hivernale qui, en théorie, devrait empêcher de mettre à la rue des personnes vulnérables. « On nous parle d’examens au cas par cas, mais dans les faits, toute personne sous OQTF est considérée expulsable, même si elle travaille ou a des offres d’emploi », explique la porte-parole du collectif. Cette situation pousse à une impasse, laissant peu d'espoir de régularisation aux migrants.

Des politiques incohérentes et des familles précarisées

Malgré des demandes de régularisation de migrants intégrés dans la société, notamment grâce à des offres d’emploi fermes ou des enfants scolarisés, la préfecture semble appliquer une approche stricte. Le préfet, selon les témoignages recueillis, se retranche derrière la loi et les circulaires existantes, en particulier la circulaire Valls, qui est souvent évoquée pour justifier l’immobilisme administratif. « On marche sur la tête. Cette politique est répressive, inhumaine, mais surtout inefficace », dénonce l’une des responsables de l’association. En effet, la France serait l’un des pays qui émet le plus d’OQTF, tout en en appliquant une faible proportion, notamment à cause des difficultés pratiques et humanitaires liées à leur exécution.

Les associations sont unanimes : la solution pour éviter l’engorgement des centres d’hébergement et la précarité des familles réside dans la régularisation de ceux qui peuvent travailler et s’intégrer. « Des familles entières, dont les membres ont des offres d’emploi solides, se retrouvent sous OQTF et sans aucun espoir de régularisation. Que leur reste-t-il ? L’errance et la clandestinité », témoigne un membre du collectif.

Un impact dévastateur sur les familles et les enfants

Certaines situations, comme celles des enfants scolarisés, rendent la politique d’expulsion encore plus incompréhensible aux yeux du collectif. « Comment justifier d’expulser des familles dont les enfants sont parfaitement intégrés dans le système scolaire français ? », s’interroge une militante. Le collectif met également en avant l’absurdité de certaines décisions, comme celle d'une femme, qualifiée et ayant trouvé un emploi dans un service social local, mais qui n’a pas pu être embauchée à cause de son statut irrégulier.

Le préfet semble quant à lui pris dans un dilemme : d’un côté, appliquer la loi avec une certaine rigueur, et de l’autre, faire face à des réalités humaines et sociales qui rendent ces expulsions particulièrement douloureuses.

La solidarité citoyenne face à une administration rigide

Face à ce blocage institutionnel, les associations locales et les citoyens solidaires tentent tant bien que mal de prendre le relais, en hébergeant des familles, en les soutenant dans leurs démarches administratives ou en leur fournissant de quoi subsister. « Nous ne pouvons pas tout faire, mais nous ne lâcherons pas. Ces familles ont droit à un avenir ici, dans des conditions décentes », martèle une bénévole, elle-même hébergeant une famille de quatre enfants.

La situation dans la région de Tulle n’est pas isolée. D’autres départements ruraux, comme la Creuse et la Haute-Vienne, connaissent une baisse démographique importante et souffrent d’un manque de main-d'œuvre. Pourtant, les autorités continuent de refuser de régulariser des migrants qui pourraient combler ces postes vacants. « Nous avons des métiers en tension et des jeunes prêts à travailler, mais on leur ferme la porte au nez », déplore un membre du collectif.

Une lutte pour la dignité

Le collectif annonce qu’il continuera à faire pression sur les autorités pour obtenir des régularisations et éviter des expulsions massives. « Nous allons rencontrer encore plus de familles, recenser les situations, et les accompagner du mieux que nous pouvons », conclut l’un des membres. Leur combat est autant pour les droits des migrants que pour une société plus juste et humaine.

La situation reste tendue, et l’avenir de nombreuses familles dépendra des prochaines décisions du préfet et des autorités locales. En attendant, les associations restent en alerte, prêtes à poursuivre leur engagement face à une politique qu’elles jugent à la fois inefficace et cruelle.

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